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L’envahissement par le jeu

La vraie règle du jeu : le « jouer toujours plus »

 

Le plus beau, c’est le gros coup à venir

Dans le gambling, les règles sont assez pernicieuses puisqu’on peut estimer au bout du compte que, dans le jeu, qu’il gagne ou perde peu importe, le joueur est amené à jouer… toujours plus !
S’il gagne, le joueur va vouloir solliciter toujours plus la chance et profiter de l’aubaine pour gagner plus encore. S’il perd de l’argent qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre, il entre très vite dans une mécanique infernale qui consiste à vouloir récupérer –à tout prix- l’argent perdu. Le jeu va être vu comme le seul moyen de remédier aux conséquences qu’il a généré (endettement, factures qui s’empilent, mauvaise ambiance familiale, négligences dans la vie professionnelle…).

Donc, dans le gain comme dans la perte, toute conséquence de la pratique appelle…à jouer toujours plus….d’ailleurs, toute carrière de joueur montre clairement que les mises augmentent inexorablement, autant que les prises de risques subites. La progression dans le jeu est donc quasiment inéluctable. 

 

problemes

 

 

Un scénario d’installation progressif

et prévisible en 3 phases

Le jeu pathologique a été décrit selon un schéma uniforme de développement en 3 phases progressives et différentes (Custer et Milt, 1985) : le gain (période euphorique) ; la perte (volonté absolue de se refaire) et le désespoir, avec deux alternatives : l’appel à l’aide ou l’enfoncement dans une spirale pouvant conduire à la prison ou au suicide.

La phase de gains

Cette phase intervient régulièrement en début de carrière du joueur, ce que l’on appelle la fameuse « chance du débutant » qui, en réalité, n’existe pas. Si le joueur gagne souvent au début, c’est aussi parce qu’il sait s’arrêter plus tôt !! Au fur et à mesure des gains obtenus, le joueur va s’habituer et connaître moins d’excitation : il va donc vouloir augmenter la dose de récompense à atteindre pour retrouver la même excitation initiale.

Tout gros gain devient source d’ivresse et déstructure le joueur qui va penser qu’il n’est pas du tout étranger à cette réussite, occultant la part du hasard pour se concentrer sur son seul « talent » à jouer. Cet argent comme tombé du ciel lui permet subitement de se montrer généreux, d’acquérir du pouvoir, d’entrer dans une nouvelle dimension. Le joueur peut goûter alors à un sentiment de toute puissance et se prendre pour Dieu en quelque sorte puisqu’il a façonné une nouvelle réalité en fonction de ses désirs.

Nul hasard si le joueur devient « accro » au gain…et se montre convaincu qu’il peut gagner encore et toujours plus, au seul motif qu’il ressent une aptitude, une compétence forte à jouer. Ce en quoi le joueur pervertit le jeu puisqu’il sous estime la part du hasard et surestime largement ses possibilités de gagner.

La phase de pertes

Parce que l’espérance de gain est mathématiquement négative pour le joueur, parce que plus l’on joue, plus on augmente ses chances de perdre, le joueur est inévitablement rattrapé par les pertes. Celles-ci ne posent pas de problème tant que le joueur est capable d’absorber financièrement cette passion du jeu et de ne pas se priver d’autres choses. En revanche, dès que le joueur perd un argent qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre –car dédié au paiement du loyer, d’un crédit, des vacances…-, les pertes vont être jugées comme intolérables. C’est-à-dire ne pouvant exister….Donc, à ce stade, le joueur peut entrer véritablement en guerre contre le jeu  avec la mission de récupérer l’argent perdu en peu de temps …donc,  prendre plus de risques, plus souvent, et de plus en plus importants… sans réfléchir aux conséquences désastreuses et à la possibilité de tout perdre. 

Cette quête incessante  « pour se refaire » finit invariablement mal pour le joueur. Non seulement, il arrive difficilement à se refaire, mais lorsqu’il y arrive, même partiellement, il ne cesse pas pour autant de jouer, contrairement à ce qu’il envisage en début de « mission » (« je me refais et puis j’arrête… »). Toute phase de gain laisse à penser au joueur que, maintenant, il va pouvoir s’installer dans une phase régulière puisqu’’il a enfin tenu compte de ses échecs passés, que son expérience a bien fini par servir à quelque chose, que, enfin, il va être désormais l’heureux « élu de la Chance ».

La phase de désespoir

A ce stade, le joueur va devenir irritable et se montrer extrêmement préoccupé par le jeu et l’argent du jeu. Il pourra même commettre des délits pour se procurer de l’argent pour jouer ou rembourser des dettes. Il va et peu à peu abandonner ses autres centres d’intérêts au profit du seul jeu. Le processus de désocialisation peut intervenir assez vite dès lors que les difficultés matérielles éclatent.

La caractéristique fondamentale à ce stade est cette intensité passionnelle consacrée au jeu, en dépit de toutes les conséquences négatives et au mépris de tous, dans sa sphère privée comme dans sa vie sociale et professionnelle.  A ce stade, le joueur est souvent atteint d’états dépressifs, avec la nostalgie de la période glorieuse du début et un sentiment lourd de honte et de culpabilité d’être tombé aussi bas.