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Qui sommes-nous ?

 

Contributeurs du site :

 

Alain Guy, Psychanalyste, enseignant sur le jeu et joueur.

 

Pierre Perret, Animateur de la ligne « misez sur vous »

09 72 98 96 06.

Ancien joueur passionné, Pierre connaît bien l’univers (très à part) des jeux d’argent et de hasard et de son aspect le plus sombre : la dépendance au jeu, particulièrement puissante… et destructrice.

Il a créé l’Institut du Jeu Excessif (IJE) dès 2005 et mis en service la ligne d’assistance téléphonique « misez sur vous » dédiée aux joueurs en difficultés et à leur entourage. En 2015, IJE a organisé le premier stage d’accompagnement collectif pour joueurs, une première en France, qui s’est traduite par un consensus sur la très forte utilité d’une telle action centrée sur la reconstruction du joueur et cet « après-jeu » si difficile à mettre en place et installer dans la durée.

En 2017, Pierre a créé  l’association « vers un…Apprendre à miser sur soi » pour prendre de nouvelles initiatives en accompagnement collectif et, en  2019, a souhaité s’inscrire dans cette voie reconnue et encouragée dite du « patient-expert » dont s’est saisie l’action publique. En 2019, il obtient un DU en « Pratiques addictives » à la faculté de médecine lui permettant d’intégrer  la Fédération des Patients-Experts Addictions (FPEA)  et d’intervenir  sur  le forum Jeu de la plateforme « addictaide.fr ».

 Le regard sur ma propre « maladie »

Maladie entre guillemets, car il y a vraiment matière à débat à catégoriser d’emblée ce « mal de jeu » comme une pathologie classée comme telle dans le champ psychiatrique. Ce « mal de jeu » peut aussi être vu sous l’angle d’ une passion débordante….qui a mal tourné. Une approche humaine en somme, où  les remèdes libératoires empruntent pour beaucoup les chemins de la parole, comme l’avait relevé judicieusement, dès 1561, un médecin-philosophe du nom de Pascasius vu comme un père fondateur de l’addictologie au jeu  *.

Le bout d’expériences que j’ai réussi à fabriquer pour mettre à distances cette passion à très hauts risques pour le jeu d’argent m’ a en tout cas permis  de situer des points de blocage/résistance pouvant expliquer que le chemin peut être si long et difficile. Tout autant que  les leviers d’action indispensables pour faire en sorte de s’installer dans un après-jeu durable

Mon ambition comme « malade devenu expert de sa propre maladie » est d’ inviter le joueur en difficultés à : :

  • plus de tolérance envers lui-même -« on a fait aussi comme on a pu »- et à dépasser ce stade de la culpabilisation et remords-rage d’en être arrivé là, qui ne s’avère guère productif. Après tout, qui n’a jamais fait d’erreur financière ?? Tout esprit revanchard sur un jeu et volonté de « se refaire» favorise évidemment un maintien dans le jeu.
  • plus d’humilité face à ce jeu tout puissant ; il est salutaire de reconnaître que sa défaite est radicale et qu’il en sera toujours ainsi, que l’argent perdu est bel et bien perdu : il vaut mieux figer les pertes plutôt que d’entretenir l’illusion (coûteuse) d’une possibilité de « se refaire ».
  • plus d’efforts et actes…. en dehors du jeu. La vie de joueur a des codes et routines qui sont envahissantes et chronophages. Or, il va falloir sortir de ce refuge confortable (j’aime faire cela et je sais le faire), d’où l’importance de se reconnecter avec le monde réel et  d’oser (re)commencer des activités nouvelles ou négligées jusqu’ici.    

Tourner la page d’un jeu obsessionnel relève d’un processus à accomplir, étapes par étapes donc, en progression, sans que l’on ne puisse savoir à l’avance combien de temps cela durera.  Mieux vaut y voir clair et organiser la riposte, car la seule volonté d’y arriver ne suffira pas ; voilà pourquoi il est important de clarifier cette problématique du jeu excessif, qui commence au stade de l’abus nocif pour finir à celui de dépendance sévère. 

DU TAC AU TAC 

C’est bien ou c’est mal de jouer ?

PP : On s’en fiche ! Le sujet n’est pas là, le jeu ne peut se situer dans le seul cadre de la morale car il a été conçu justement  pour s’en évader et se distraire face au sérieux et à l’ennui de la réalité. En soi, le jeu n’est donc ni bon ni mauvais ; en revanche, il a une capacité à « faire du bien » et à « faire du mal » et souvent en même temps faisant du joueur un véritable paradoxe vivant.

Quel est le problème majeur à jouer alors ?

Garder un cap ! Ce cap est d’autant plus difficile à maintenir qu’au départ le joueur ne poursuit pas de véritable objectif. Le joueur prend le jeu plutôt à la légère ; ce qu’il ignore -ou alors ne le prend pas assez en compte-, c’est la puissance de séduction du gambling qui apporte au joueur des récompenses narcissiques, des gratifications, qui vont lui être utiles et dont il va avoir besoin pour se sentir mieux exister. Le jeu est tellement puissant que le joueur se retrouve tiraillé entre les effets positifs du jeu, ses effets vitalisant,et l’impact négatif du jeu dans sa vie quotidienne. Donc, le gambling donne facilement le tournis et n’est pas du tout à prendre à la légère ! Mieux vaut le savoir à l’avance car, face à une discipline aussi risquée,  les questions de bon usage viennent forcément au premier plan.

Un seul conseil à donner aux joueurs ?

Si possible, ne jamais paniquer…la colère et l’impatience sont de très mauvaises conseillères pour le joueur qui va être poussé à prendre des risques toujours plus élevés pour se prouver au bout du compte qu’il avait raison d’insister. Dans le jeu, il faut apprendre à gérer plutôt que se placer en position de lutte et décréter d’un coup d’un seul qu’on ne jouera plus ou qu’on doit absolument « se refaire » au plus vite ; cela ne marche pas !